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Photo du rédacteurCASADO Vincent

Arkenstar - Chronique inachevée


*** Appel à l’aide ***



Ici Azénor Prime, commandeur de l'Arkenstar, à tous les vaisseaux de l'Arche, ceci est un appel à l'aide.


!!-!-!-- connexion instable !!!!-!-!-!-!!-- flotte d'exploration du cadran. Nous avons heurté un !!!--!--!!- orbite autour de la planète. La vague d'énergie qui en résulte a arrêté nos moteurs. La gravité a fait le reste. L'intégrité de la coque est !!-!!-!-!!-!!!!!!---!!rkenstar s'est écrasé ! Ne pénétrez pas le !!!!!--!-!!-!--!!- Les systèmes de secours fonctionnent. Nous avons trois-cent voyageurs en stases sécurisées. Le protocole va lancer le réveil des officiers référents. Dans une heure nous --!!-!!-!-!!------ connexion instable !!!!----!-!!-!----!!-

Les relais orbitaux ont lâché. Nous procédons à l'exploration par drone de reconnaissance. !!!!----!!-!-!----!!!---!. Les stenèrgènes sont sur les systèmes auxiliaires. Nous utilisons les autochtones pour !--!-!!-!-!!!!!-!- Alerte, connexion instable !!!!!-!-!-!!!-!-!--- à tous les vaisseaux de l'Arche, ceci est !!-!!--!-!!!-! à l'aide.

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+====++===+++==++==+++++= Connection interrompue ++===++=----403

Connection Perdue



*** Premier contact ***


La coursive défoncée s'ouvrait sur une étendue brûlante. Depuis l'ombre salvatrice Prime étudiait le paysage. Un petit lagon d'eau maronnasse vomissait une eau boueuse. Des créatures y jouaient joyeusement. Elle focalisa son attention. Ces êtres avaient le front haut et des membres démesurément grands. Un vague dégout enserra ses pensées et elle retourna sur la passerelle.


***


Altaïr, sans approuver l'idée, acquiesça et activa l'Entosomateur. Ils s'étaient confrontés. Si l'équipage de l'Arkenstar avait une possibilité de survie, ce serait dans l'exploitation des ressources qu'offrait cette planète. Des pigments lumineux épaissirent la surface extérieure de Prime. Elle devint plus consistante, élastique et couverte de poils. Les primates qui peuplaient la région allaient servir. Et Prime était maintenant une version plus parfaite de ce qu'ils étaient.


***


Un pied assuré froissa le sable. Sentir la brûlure sur cette enveloppe l'amusa. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas incarné d'espèce autochtone.


Gagner leur confiance et leur affection fut rapide. L'Arkenstar introduisit une maladie agressive et incapacitante dans la population via les eaux du lagon. Au soir du premier jour, le bassin fut touché. Suées, maux de ventres et toux régirent la nuit et le deuxième jour.

Le midi, Prime marcha droit sur les habitations des primates et les salua dans leur langue. Ils affichèrent la méfiance d'une société qui ne maîtrise pas l'information. L'air altruiste, elle offrit une solution fonctionnelle à ingérer puis reparti.


Livrés à eux-mêmes les habitants se divisèrent. Certains acceptèrent la solution proposée, d'autres non. Lorsque Prime revint le lendemain, la maladie était éradiquée. Le peu qui avaient fait le choix de la précaution en refusant l'aide étaient morts. Les autres, biens portants, acceptaient de travailler avec elle.


***


Altaïr n'aimait pas cette façon de faire. Trois-cent voyageurs flottaient dans les stases. L'Arche était bien loin.



*** Athanatoi ***


Je plissais le bout de mon nez. Aux aurores, les arbustes violacés de la brousse dégageaient une odeur incommodante. Une forte sensation acidulée, comme si un assaillant avait étalé un quart de citron sur mes lèvres. Je passais une main fine sur ma bouche mais rien n'y fit. Un criquet chantait à tue-tête. L'insecte se moquait ouvertement de mon désagrément. Ironie du sort, j'avais les moyens technologiques de le cibler dans la végétation, et de le vaporiser précisément à cette distance mais l'énergie était une ressource précieuse sur cette planète.


Des pas dans la brume. Cette démarche d'administratif était reconnaissable même sur ce sol spongieux. Adalbaran approchait. Les herbes luisantes nous arrivaient à mi-cuisse et renvoyaient des reflets d'argents sur nos combinaisons. Il portait sous un bras, un paquetage de tissu et protégeait son odorat de son autre coude.


"- Monsieur Crosby-Leighton, comment allez-vous ce matin ?

- Bien Commandeur Prime, répondit-il formellement en tentant d'ignorer les tracasseries olfactives, je viens de finir les évaluations énergétiques.

- Je ne veux que des bonnes nouvelles Mr Crosby-Leighton. Seulement les bonnes nouvelles.

- Les stases ne sont pas en danger. La main-d'œuvre autochtone a déblayé les baies solaires. Nos batteries se rechargent quotidiennement. Une partie de l'énergie est dérivée sur trois sténergènes. Ils fournissent la puissance de dix autochtones et assurent d'achever presque instantanément l'avancée des travaux dans le village. Le téléporteur est actif également mais consomme énormément. Je crains qu'à l'avenir...

- Seulement les bonnes nouvelles monsieur Crosby-Leighton, coupais-je !

- Oui Commandeur, s'excusa-t-il ! Les autochtones connaissent le feu. Nous pouvons réorganiser nos circuits d'alimentation pour convertir l'énergie thermique.

- Voudriez-vous faire décoller l'Arkenstar au charbon ?

- Surtout assurer une seconde source d'approvisionnement. Et tenez, conclu-t-il en me tendant son bagage."


Je le dépliais. Une tenue blanche d'un coton grossier se déroulait devant moi.


"- Nos combinaisons sont trop voyantes, les rapports indiquent qu'une grande partie de la population de cette planète est particulièrement belliqueuse. Je crois que toute la population est sous l'influence d'être extrêmement puissant qui communiquent à l'aide d'une interface appelée temple. Des sortes de déités. Voilà pour le rapport.

- Merci monsieur Crosby-Leighton, vous pouvez disposer."


Les pas disparurent dans le chant matinal. D'une pensée, j'envoyais mes ordres journaliers aux officiers référents à travers le koineuron. Les rayons percèrent la brumasse et l'insecte se tu. Je tentais de repasser du plat de la main les plis du vêtement, sans succès.

Une grande inspiration. J'avais enfin deux minutes de répit pour réfléchir plus loin que la survie. Les dieux qu'avait évoqué l'administratif appartenaient sans doute à la seule espèce évoluée capable de vraiment nous aider. Il était grand temps d'établir le contact avec autre chose que des primates.


*** Inhibition ***


Du calcaire recouvert de poussière. Le temple d'Arkenfall bouchait le fond d'une rue de terre battue. Il se mêlait parfaitement aux maisons alentour et n'était remarquable que par deux colonnes noircies au charbon. Je les dépassais une épaule en arrière pour ne pas souiller la blancheur de ma tenue et poussais la porte d'acacia. Sans un bruit, elle s'ouvrit sur un vestibule. J'entrais dans un halo de lumière crue. Le rayon vint percer l'obscurité et éclaira suffisamment pour se permettre de dessiner mes ombres dans le décor. De part et d'autre de la petite pièce, un banc de pierre et une auge emplie d'eau. La maronnasse du lagon avait décanté laissant un liquide translucide où miroitaient quelques pièces. Et devant moi, un escalier descendait.


Je posais le pied sur la première marche et dus me pencher pour ne pas me heurter. La lumière que j'avais apportée avec moi disparaissait dans les ténèbres. J'appuyais une main sur le mur et l'en retirais immédiatement. Ma paume était peinte au charbon. Je plissai le nez de contrariété et continuai de m'enfoncer dans l'obscurité.


Le temple absorbait les bruits. Les pierres qui se succédaient se couvraient peu à peu d'une mousse violacée. Mes pas s'étouffèrent et le silence gonfla mes tympans. Avant que les ténèbres m'enveloppent, une autre lumière me guida, jaunâtre, orangée, rougeâtre. Elle faisait danser les ombres. Je dépassais une torche puis une seconde. Le crépitement rassura mon ouïe. La troisième flamme gardait une porte d'acacia couverte de poussière de charbon. Je tendis ma main déjà noircie et poussai. Un souffle me projeta en avant. Je vis les lumières vaciller puis se raviver.


Une sphère noir vanta. Je souris en entrant dans cette salle parfaite. Elle était coupée au plan de l'écliptique par une rangée de torches qui servaient de repère. Un chemin de dalles tout aussi obscures suivant le même plan, saillaient le sol. Je gardai le regard fixé vers les deux lueurs qui me faisaient face et marchais droit dans leur direction. Ce chemin me porta vers l'autel. Un cube éclatant de craie blanche couverte de traces de mains. J'y posai la mienne et ajoutai la preuve de ma venue.


"- Ils nous appellent les Arkens. Et ils commencent à nous vénérer."


Je sursautai. Adalbaran se tenait de l'autre côté du cube.


"- Monsieur Crowsby-Leighton, soyez gentil de vous annoncer la prochaine fois, rabrouais-je dans un souffle, une main sur le coeur."


Selon les habitants, depuis peu, les plantes tiraient du violet vers le noir. Ce peu correspondait à l'arrivée de l'Arkenstar. Selon l'officier biologiste, la vague d'énergie qui avait succédé à l'effondrement des boucliers du vaisseau avait altéré la végétation. La mousse absorbait la lumière. Cette mousse tapissait la totalité de la sphère.


"- La situation est complexe commandeur. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas favoriser cette emprise. Ce monde n'est pas l'Arche.

- Nous avons trois-cent voyageurs en stases monsieur Crowsby-Leighton et je crois avoir été assez claire. Nous avons besoin d'établir le contact avec les êtres supérieurs. L'interface est-elle opérationnelle ?

- Elle l'est, commandeur.

- Alors activez-la.

- Je ne peux pas."


Je fronçai les sourcils et Adalbaran reprit :


"- L'interface semble être en résonnance avec les populations qui peuplent les differentes régions de ce monde. Selon leurs coutumes, leurs cultes, leurs... rites, l'interface n'entre pas en communication avec le même être supérieur.

- Jusque là tout va parfaitement bien. Nous avons le temple, nous avons la population, que nous manque-t-il ?

- Des sacrifices. Les primates ont besoin de sang de bovins et de bougies.

- Je ne comprends pas la complexité de la situation.

- Les vaches de cette planète partagent énormément de gènes avec les premières espèces de l'Arche. Elles ont des séquençages qui datent probablement d'avant le premier Exode.

- Mais elles ne font pas partie de l'Arche, tranchais-je. Vous vous découvrez une fibre historienne monsieur Crowsby-Leighton et croyez-moi, je suis heureuse de voir que notre situation vous pousse à vous surpasser. Mais nous avons une seule et unique priorité pour le moment : sauver les voyageurs !"


Adalbaran tapota sa tempe de l'index :


"- Non, il s'agit d'espèce ancestrale commandeur, nous ne pouvons pas les laisser être massacrées sous prétexte d'entrer en communication avec des êtres supérieurs dont nous ignorons tout ! Il y a surement un autre moyen, les primates peuvent servir de catalyseur.

- Vous avez fini, inspirais-je ? Je vais vous permettre de rejoindre les missions d'exploitation minière. Vous en avez besoin. Rigel me rejoindra pour continuer le travail ici.

- Je désapprouve Commandeur. L'officier biologiste Rigel ne verra la situation qu'à travers le prisme scientifique.

- Cela ne lui retire pas son humanité -je m'amusais mentalement-. Rigel a déjà participé à plusieurs opérations de prise de contact. Tout se passera bien. Reprenez-vous monsieur Crowsby-Leighton, j'ai besoin de pouvoir compter sur vous."


Il demeurait fixe, me dévisageant avec fermeté.


"- Vous pouvez disposer, repris-je.

- Bien commandeur, répondit-il d'une froideur jusqu'alors insoupçonnée."


Adalbaran disparu sans un bruit et me laissa, seule, au centre de la sphère. Je m'appuyai des deux mains sur le cube, pris une profonde inspiration et soufflai. Aucun indicateur de température ne varia, mais je fus transie pendant un court instant. Mon souffle se mua en vapeur et je me sentis aspirée vers l'avant. Comme lors d'une submersion de fatigue. Je me redressai. L'oreille interne de mon incarna se détériorait sans doute. Je me retournai et suivis Adalbaran.


Passant la porte au bas des escaliers, je remarquai un scintillement sous les flammes. La mousse violacée sous la faible lumière avait gelé. J'approchai mon regard. Imperceptiblement le gel se répendait.


J'envoyai les informations à Rigel via le Koineuron. Sa présence me sera d'une grande utilité.



*** Litharque ***



Un bosquet ombragé. Altaïr émergea des buissons et sauta sur sa proie. Il perça la jugulaire d'un geste simple. La créature porta la main à sa gorge et l'assaillant en profita pour planter l'aisselle et percer l'artère axillaire. Il tourna d'un quart, frappa rudement le genoux. La chose se trainait mollement et se viderait tranquillement de son sang dans les prochaines minutes. Sans doute les animaux le dévoreraient. Il tourna autour d'elle et patienta pour s'assurer qu'elle n'en ressorte pas. Il se pencha et récupéra le bonnet rouge réhaussé d'un liseré vert de sa victime. Il sourit : “Litharque, je vous emprunte votre visage et votre nom.”


***


Altair entra dans la grotte. Une fumée grisâtre, épaisse, âcre occultait la voûte. Il avança avec précaution. A cette heure, elle serait seule. Dans une petite alcôve, une statue représentant la tête féroce d'une divinité taurine crachait un flot ininterrompu d'encens. Il passa trois alcôves similaires jusqu'à entrer dans une salle un peu plus vaste. Sur sa droite, un bassin naturel, taillé dans le granite où luisaient quelques pièces. Il l'y trouva endormie. Elle était élancée quoique petite, dans des vêtements de coton léger. Le tissu laissait deviner des formes généreuses. Le souffle léger apaisa l'intru. Il s'approcha et posa sa main sur sa bouche. Elle ouvrit des yeux effarés et se tourna vers lui. Il lui rendit son regard nuancé d'un large sourire :


"- Bonjour ma douce pierre."


Il retira sa main et dévora sa bouche.


"- Litharque ! Où étais-tu passé ? j'étais morte d'inquiétude !

- Je me suis perdu, ma petite montagne, mentit-il.

- Je vois bien que tu essayes de me tromper mais je ne suis pas dupe !

- Il faut rassembler tout le monde, j'ai une grande annonce à faire. Le Grand Minotaure m'est apparu, il m'a parlé. Il m'a désigné."


Elle pouffa. Son rire fit tressaillir Altaïr. Un frisson lui parcourut l'échine.


"- Tu n'es pas sa chamane, il ne peut pas te parler.

- Depuis combien de temps est-il silencieux à tes incantations ma tendre roche ? Peut-être même ne t'a-t-il jamais rien témoigné. Il m'est apparu, les naseaux frémissant. Notre peuple doit descendre des montagnes.

- Litharque c'est impossible. Il est resté silencieux à mes incantations ni dans les songes, ni dans l'éveil. Et tu me dis, toi, que marchant ainsi et te perdant, tu es tombé par hasard sur Lui ?!"


Il ouvrit sa paume devant le regard hébété de la jeune fille. Un cristal noir, aux reflets violacés emétait une faible lueur.


"- Et ceci pour te le prouver, ma belle avalanche.

- Nom d'un farfadet de Grimeval, c'est... le cristal de...

- Tout a fait chamane ! Maintenant il faut réunir l'assemblée.

- Demain Litharque. Pour l'heure viens à mon côté."


Altaïr réprima un dégoût et retira de sa tête le bonnet rouge rehaussé d'un liseré vert. Il feint un mélange d'admiration et de désir pour se joindre à la créature.


***


Dans le noir, Altair chantonnait doucement. Il jouait sur les basses fréquences de sa voix qu’il diminuait encore progressivement. L’encens continuait de s’élever. La créature allongée à son côté respirait doucement. Il s’assura qu’elle dormait et se tu. Il dégagea son bras et se mit sur le dos. Il ferma les yeux et se connecta au Koineuron. Un sensation de flottement puis il se sentit s’enfoncer dans le sol. Lorsqu’il ouvrit les yeux, une femme blonde au regard malicieux se penchait sur lui :


“- Alors Altaïr, ton incarna te convient-il, fit-elle en plissant le bout de son nez ?

- Moins que le tien Azénor, je ne m’amuse pas à garder cette forme dans le Koineuron.

- Elle sert à nous rappeler que cet endroit n’est pas l’Arche, même s’il y ressemble.”


Ils déambulèrent entre des colonnes de marbre et des statues en bronze. Une végétation luxuriante répandait une douce odeur d’agrume. En échangeant des souvenirs volés au cosmos, Ils parvinrent à un balcon qui surplombait une mer immobile. Ils s’enlacèrent longuement. Le soleil interrompit sa course au zénith.


Une deuxième femme blonde, semblable trait pou trait à Azénor coupa leur étreinte d’une toux insistante. Ils se regardèrent avec tristesse et il lui sussura :


“- De toutes les facettes de votre psychè, c’est toi que je préfère Azénor.

- Tu dis cela parce que tu ne m’as jamais vue en colère.”


Elle se libéra de l’étreinte et disparu derrière la nouvelle arrivée, une autre facette du commandeur Azénor Prime. Altaïr vint à sa rencontre et s’arrêta à un mètre d’elle :


"- Commandeur Prime, la mission est un succès.

- Le biocristal luminescent que Rigel vous a synthétisé a fonctionné ?

- Les autochtones et leurs croyances sont faciles à duper.

- Monsieur Crowsby-Leighton m'a confirmé l'existence de leurs... déités. Leurs influences sont réelles.

- Sommes-nous en contact ?

- Nous y travaillons. Restez prudent. Pour l'instant, vous passez à la mission suivante.

- Marges de manœuvres ?

- Faites tout ce que vous pensez nécessaire pour réussir. Et s'il-vous-plaît Altaïr, ne vous attachez pas trop aux autochtones.

- Bien commandeur."


Elle passa devant lui et alla observer la mer. Il profita du moment pour partir et se retourna pour l’admirer une dernière fois. Puis il ferma les yeux. Ce fut imperceptible mais il eut cette impression désagréable que sous ce soleil, l’ombre du capitaine était teintée de violet.




***


Chutes de débris


Cycle 07 - X13 - 21320 latitude Nord

Une plaine d'herbe sèche. Le vent du quatrain soufflait depuis l'Ouest rural. Le ciel grisailleux de cette fin d'après-midi se contrastait de mauvâsses mortifeuses. Un air gras s'engouffra dans la plaine et bava sur les chaumières. Le Litharque passa une main moite sur son visage parfaitement rasé. Un cri lourd résonna dans le val :

"- SAMOA !"


***



Double claquement de main. La musique s'arrêta. La grande salle circulaire au sol de mousse se fendait d'un ruisseau. Un lierre rouge grimpait sur les colonnes de calcaire ciselées. Entre elles se jetait l'à pic au dessus d'une mer immobile. Le sublime ruissellement remontait silencieux à sa source. Azénor Prime distrayait une nature morte du bout de son pinceau. Le geste était interrompu, elle haussa un sourcil :


"- Tu n'aimes pas les classiques Altaïr."


Marchant à petit pas, il vint à elle et jeta un regard au tableau. Elle piqua :


"- Ton incarna semble te plaire bien plus que tu ne l'admets.

- Le rôle me colle parfaitement à la peau.

- Je crois que je préférais l'ingénieur au capo, soupira-t-elle acerbe.

- Tu devrais nous rejoindre Azénor. Ils sont distrayants.

- Ils ont la sympathie du combat.

- Nos objectifs concordent.

- Je vais y réfléchir."


***


Sur la plaine, du sang. La clameur baissait. Les blessés agonisaient. Certains se relevaient. Arcturus frappa le plat de son épée sur le visage d'un homme à terre pour qu'il y reste. Ici on attaquait à deux contre un, et là on résistait contre quatre adversaires à bout de souffle. On laissait les trippes se répandre. Altaïr ferra un noble avant de recevoir un méchant coup. Dans la mêlée on ne distingue plus rien. Tous les visages se ressemblent. Il planta son épée dans le dos d'une jeune femme à moitié nue déjà aux prises avec ses alliés. Il reconnu au loin la Bouchère. Elle fracassait la mâchoire de son opposant. On donna l'ordre de démobilisation. Ils avaient gagné.





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