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Photo du rédacteurCASADO Vincent

Témoignages des rampants.




J - 28 : Il n'y a plus personne dans la forêt


J-28.

L'économie de mes domaines est cassée. Les productions sont quelconques. Le troc local est interdit. Les échanges commerciaux locaux sont limités. Je garde un œil sur la population globale.

Les voisins disparaissent. Les nouveaux voisins sont mutiques. Seule la franche guerre a été une bonne expérience sociale. Exceptée qu'elle n'est plus possible pour l'instant.

Le travail d'écriture conditionné par les règles générales rend illégal les écrits antérieurs.

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L'aide est un catalogue de ce qui est productible, de qui peut produire, et d'où le produire.

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Les efforts d'actualité sont portés principalement sur les échanges de productions et la régulation des biens et des finances ainsi que la correction des défauts de gestion de domaines.

Favoriser les relations entre les seigneurs et les dames ne semble pas être une priorité. Au contraire, les dernières nouveautés justifient l'isolement.

Le temps nous le dira. J'espère.



Il fait bon vivre dans notre val.



£undi.


Notre terre pousse en bas du val de fer. £'herbe a des reflets de rouille et l'eau roucoule. £es arbres longeaient la rivière. Nous les avons rasé. Il était impossible de former des bûcherons. Désormais, nos champs se répandent fièrement à la place.

£a terre est cendre. £es pas la grisent. £a souillure est éclatante. Nous n'excellons pas à l'entreprise, la volonté manquant. Mais les demeurent de nos peuples se dressent. Nous les peignons sang et lignage. Ni l'or, ni l'azur, ni le sinople ne se voient aux croisées.

Il fait très chaud en ce moment.

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£a lame rebondit sur le bouclier. Vibrations. £e bras s'engourdit. £a lame revint, imparable. Il ne se passait rien ici. Maah'Rrs paraissait à la garde avec un soldat malchanceux.

°°¤

Georges s'épongea le front. £es pieds noircis, plongés dans la boue du Bordlô. Il poussa de toutes ses forces. £a bête hennit, une branche oubliée entravait la charrue.

°¤°

$ous les frondaisons, Brugière dormait. £e soleil dardait les branches. £es belles oranges rougerettes patienteront.

¤°¤

Le vent balaie. Les tissus aux cordages se balancent. Une chevelure soignée s'attache à les étendre. Deux petites filles jouent dans ses jambes. Epées de bois et ecchymoses !


***


Il fait bon vivre dans notre val.




Fait d'armes et vicomté fruité !


La chaleur accablait les rues de Jahal'Hardin. £a plume au vent, les preux marchaient au marché. £'haleine étouffante de la fin de journée ravageait les étals. Un souffle éternel et de vieux souvenirs. £es fruits avaient gardé le coeur gelé de la cueillette. De toute la région accourait le petit peuple. £a paix rassurante favorisait le commerce régional de sorte qu'on trouvait ici ce qu'on pouvait trouver partout ailleurs. £e petit bois monté en palissade fermait la moitié du centre-ville. £'autre moitié ne servait à rien. Comme disait Gelatine : "£a meilleure défense c'est celle qui évite de payer les réparations." Elle n'avait plus de vassaux depuis. £e Bordlô pour sa part était toujours mouillé.


Un étalage, un vol, un cri. Maah'Rrs Arkenstar fit un croc-en-jambe au voleur d'orange. £e bras rapé sur la terre battue. £e seigneur dégaina, le vilain prit peur. Mais déjà la garde vint. £e méchant fut bastonné à coeur-joie jusqu'à l'évanouissement. Quelle chaleur ! Or Maah'Rrs ramassa le fruit et pelant la chair dégusta la croustille glacée qui pimpait la gueule avec panache.


***


Deux yeux fâchés et une mèche qui dit merde. £e battant claquait au vent avec agacement. Tout de noir vêtue, elle est débarqué sans prévenir, de part la fenêtre assurément. Elle jeta la couronne sur le tapis. C'était un beau tapis de laine récupéré dans les ruines du petit village de la regrettée famille de Fa'Yniks de Fa'Yniksia. C'était une couronne comme celle de tous les vicomtes. Le fer blanc rebondit aux pieds de Maah'Rrs. Il la prit :

"- Tout ce chemin pour une couronne et je ne connais pas votre nom. Quelle gentiyes !

- TURBOALPHA EST MON PRENOM."

£à dessus la comtesse se sauve et le voici grandit d'un pouce et demi de faux. Quelle chaleur ! Et Maah'Rrs de se rendre à la corbeille de fruit et de piquer une cerise. Quelle frisson délectable que de croquer cette saloperie acide !


Lettres mortes et fait d'armes.


Le parchemin se déroula du bureau jusqu'au pied du seigneur. La salle au parquet de pin ciré dégageait une odeur estivale. Rappelons-le, il faisait très chaud. Le sachant-lire du lieu dévalisait le silence en énumérant au régnant les ambitions de la journée. L'évidence des maisons à construire qui virait au poncif obsessionnel et plusieurs lettres laissées sans réponses. Maah'Rrs tâtonna pour attraper l'animal qui lacérait le dossier de sa chaise :

"- C'est vrai que nous manquons un peu d'amitiés par ici".


***


Une dizaine de cavaliers équipés en toute médiocrité escortaient le seigneur aux couleurs éclatantes. Le bleu et l'orangé contrastaient avec l'oriflamme race et lignage de Jahal'Hardin qui giflait le vent avec une vigueur renouvelée à chaque lieu enjambée.

La petite cavalcade arriva rapidement sur les lieux de son méfait. Elle entrait dans le chai avec enthousiasme, s'attendant à une résistance défaillante. Elle ne trouva là que le gérant du lieu : un individu aux cheveux indiscrets et couvert d'argenteries. Le premier soudard s'approcha prêt à en découdre et lança la hampe vers la jambe du végétant passif. Mais voilà que l'assaillant se prit le retournement de situation dans la gueule sous la forme d'un poing de bonne facture. Le soldat sonné recula pendant quelques secondes. Les naseaux du bougre pissaient la poisse pourprassée. Maah'Rrs prit les devants :

"- Essaye avec ton épée."

A deux contre un, la chance tourne. Le défenseur ploya et tituba.

"- Fer-le !

- Je ne peux point messire.

- Frappe donc alors !"

Et voilà que s'acharnant sur la pauvre victime, le sang se répand. L'homme est à l'agonie.

"- Fer-le à présent !

- Que nenni messire."

Maah'Rrs se pencha donc sur l'orteil de l'impondérable :

"- Bonjour, je vous remercie de répondre à mes lettres. Accessoirement, je voulais simplement vous capturer pour discuter ensuite, mais à priori, j'ai été contraint de vous savater. Toutes mes confuses".

Le groupe de soudard sortit les chaînes vides. Maah'Rrs un peu frustré se souvenait de ses illustres ancêtres qui capturaient tout ce qui traînait sur leurs terres pour les forcer à venir à leurs tables. Cela n'avait jamais vraiment fait de vassaux et encore moins d'amis, mais au moins il y avait d'excellents temps de courtes discussions. Il poussa sa monture.

Il avait encore des maisons à construire pour tromper l'ennui !


Coagulation.


Un lierre continu se vomissait des remparts aux fondations rendant la promenade agréable aux ruffians qui occasionnellement remontaient le lit du fleuve. La palissade courrait le long des orangers jusqu'à la tour à tête d'ardoise où flottait la bandière Hardinienne. Sous les deux griffons sculptés en auvents d'ailes déployées, la chaise de bois croisé offrait un ombrage bienvenu. Rappelons-le, il faisait chaud. Maah'Rrs badinait avec l'ennui poussant le cavalier d'échec d'ivoire et d'if. L'adversaire mutique le dépouillait de sa jovialité à chaque pièce perdue.

***


Une poigne féroce projeta le visage de la mère dans la boue. Les cheveux coagulaient doucement alors que son engeance était poussé avec force hors du taudis. Le capitaine de la garde griffonna sur le placard et en frappa la porte. Les taxes exorbitantes poussaient la Marie et le Jules sur la chaussée.


***


Maah'Rrs appuya plus loin son cavalier. Le mutique lui dama le pion. Le vicomte passa une main sur son visage et s'étira. Le raffut des marteaux frappant le bois dans la ville basse fut couvert un instant par des nuisances de désespoirs. La couronne s'empara d'une pomme et cala son avant-bras sur le surplomb pour profiter de la vue avec sévérité.


***


Un homme azur, le tissu chatoyant la flamme en son travers, se tenait à une trentaine de mètres d'elle, un fruit à la main. Le plongeon de son regard se faisait insistant. Elle ne se déroba pas. Un gant au cuir usé de milicien lui saisit l'épaule. Les lèvres pincées, les phalanges blanchies, l'horizon se ferma à l'angle de la rue.


***

Maah'Rrs feint la surprise :

"- Elle n'a pas baissé les yeux.

- Une femme de bonne race, proposa le mutique."


Campagne de pacification.


La terre asséchée crachait une fumée olivâtre sous le martèlement des sabots. Le long serpent de la soldatesque se réchauffait au soleil de midi dans un val sans route. Le trot avalait le temps au rythme de souffles oxydés.

L'armure en paquetage, l'épée battant le flanc, le spadassin pestait du cavalier. La lance lourde, les cuisses brûlantes, le cavalier somnolait. Le pire ennemi de cette campagne serait l'attente. Rappelons-le, il faisait chaud.


***


La place était quelconque. De la tuile, du calcaire, du bois et des paysans interdits. L'ombrage profitait à la fatigue. La troupe occupa les allées du marché prêtant assistance aux aïeules et bavassant avec le marchand. L'envahisseur interrogeait, plaisantait et cherchait. La traque avait déjà commencé. L'homme se trouvait plus loin et deux lances de cavalerie coupèrent sa route sur un sourire polissé :

"- Bonjour ! Vous ne répondiez pas à nos lettres, alors nous sommes venus nous enquérir de votre santé et prêter assistance à votre peuple".


***


Les ailes des griffons soutenaient la voûte. D'une table de bois cascadaient de tous côtés parchemins et volumes. La plume raya les noms et traça des symboles. Le seigneur se grattait le front à chaque trait. Le sachant-lire à ses côtés ferma un papier :

"- Jah'Ggathe nous informe que le village s'est joint à nous de pleine grâce."

La face contrariée, Maah'Rrs tapota de l'index sur la carte. Ils avaient perdu deux voisins dans la campagne et ramené deux autres sous l'égide de l'Empire. Il jeta la plume laissant une trace persan sur une carte.

"- Maintenant nous devons sécuriser les routes, éradiquer le brigandage et les bêtes féroces. Ensuite, nous aviserons."


Fait d'armes et impôt


£a flamme inonda l'acier. Chaque flux de chaleur émaillait le métal. £'officier soupesa le carcan de lanières, fasciné par les reflux du brasier. Il cracha sur le fil. Crépitement éclabousseur. Dans l'obscurité, répandues sur les pierres ponces, les jambes d'un malheureux tressaillirent. £a tuméfaction du visage parait une douleur perçante.


***


£e lierre grimpait désormais la pierre. £e fracas du fer des chevaux battant le pavé venait s'étouffer sur la promenade haute qui entourait la forteresse. Maah'Rrs se signa sous la voûte de l'ouest porte. £a fin de la chevauchée se laissa sur le parvis de sa tour. Un page ruisselant aux livrés race et lignage se porta à son devant. Rappelons-le il faisait chaud. £es brides de la monture harassée en main, ce Jules tourna aux écurie et la troupe se dissolvait en obligations. £e butin était maigre. £es chefs des hameaux valaient au moins l'usure des déplacements se mentit l'Arkenstar. Mais la levée de l'impôt confirmait la domination sur l'avoisinant. Vifs liens et frêles indépendantistes champignonaient, épars. £e plus-du-tout vicomte assurait alors les charges sans la belle couronne de fer blanc et avec une amertume aux lèvres. £e crépuscule libérait amène l'odeur orangée des jardins de Jahal.


***


£'ongle cliquetait le vide d'une bouteille de fourbe vin. Jah'Ggathe pavoisait les murs de ses domaines sang et lignage et cela valait de bon gré mal gré crus. £es charretiers ne se risquaient plus à dévider les entrepôts, faute de pertes maladroites, mais d'autres routes convoyaient en mieux les générosités d'Harangarahl. £'Hardinien prenait au monde ce qu'il pouvait et la chance de tourner jour après jour.


Fin d'une histoire n'ayant pu commencer


Nous, n'ayant plus pu décider de notre départ,

Nous, ne pouvant plus construire hors du cercle,

Nous, ne pouvant plus décider d'où vont nos ressources,


Ce monde étant pour les bœufs et la charrue et le sillon, bradant des reliques devant le temple.


Nous, n'étant pas de cette race là,


Il n'y a plus personne dans la forêt. Il n'y a plus personne dans les terres. Il n'y a plus personne écrivant.


Mettons fin à cette mystification.


A la grâce de Dieu.


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